La Mume (le blog)

Déjeuner, je le lui avais dit, fait répéter, mais elle a "oublié".
Elle portait un vêtement rouge décoré de broderie, son sac à main l'entravait pour tenir le déambulateur, un gilet sans manche achevait de l'encombrer.
Un peu de vivacité lui revint pour échanger une chaise contre un fauteuil dos à la lumière qui lui blesse les yeux.
Je fis faire demi tour aux carottes râpées qu'elle ne goute guère pour un pâté en croute qu'elle chipota.
Un sauté de veau à la crème elle consomma, des macaronis qu'elle dédaigna, le tout arrosé d'un peu de vin rouge, le plateau de fromage lui fit vraiment plaisir et une grande folie 2 glaces vanille-fraise.
Et en route pour la sieste, direction l'ascenseur, je la précédais saluant une résidente que je trouvais fort "fatiguée", ma mère passa réclamant sa fille, elle ne me reconnut pas…
Est-ce à cause de mes vêtements blancs ?
Hélas je ne le crois pas.
En trois semaines son état a chuté, la charmante dame qui nous servit le repas à qui je faisais signe de mes constatations me les confirma.
A l'infirmière je demandais davantage d'analgésique pour cette douleur qui lui tient la nuque et l'épaule droite, le cancer prospère, doucement, très sûrement.
La morphine devra être bientôt augmentée, cela troublera un peu plus sa perception des gens hors de son environnement quotidien.
Elle me reconduisit à la porte de sa chambre, demandant encore une fois "si tout était prêt".
Mes pilules qui font sourire ?
J'en avais réduit la consommation jusqu'à une, un jour sur trois…
J'ai vérifié mes provisions…